Dépistage du cancer du col de l’utérus, entre 25 et 65 ans : êtes vous à jour ? Résultat HPV haut risque. Vaccination des adolescents

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Le can­cer du col utérin est le 12e can­cer le plus fréquent chez la femme.

L’âge moyen de sur­v­enue de ce can­cer se situe entre 45 et 55 ans.

Il con­cerne 3 000 nou­velles femmes chaque année et est respon­s­able de plus de 1000 décès par an. Une mor­tal­ité évitable par le dépistage.

 

Le  papillomavirus (HPV) : un virus sexuellement transmissible extrêmement contagieux

Le papil­lo­mavirus (HPV) est iden­ti­fié dans 97 à 99 % des can­cers infil­trants. De 70 à 80 % des hommes et des femmes ren­con­treront et seront infec­tés par le papil­lo­mavirus. La con­t­a­m­i­na­tion se fait par voie sex­uelle, par­ti­c­ulière­ment au début de la vie sex­uelle, par un con­tact cutanéo­muqueux. Les préser­vat­ifs ne prévi­en­nent que par­tielle­ment l’infection. Les papil­lo­mavirus sont  égale­ment impliqués dans les can­cers de l’anus et de l’oropharynx.

Dans plus de 90 % des cas, l’infection à HPV dis­paraît spon­tané­ment dans les 2 ans. Dans un petit pour­cent­age de cas néan­moins, le virus n’est pas élim­iné et le portage chronique peut induire l’apparition de lésions du col de l’utérus, pré-can­cer ou can­cer avéré, avec un délai moyen de 8 à 10 ans entre l’infection HPV et les pre­mières lésions.

 

 

Afin de réduire l’impact de ce can­cer et peut-être un jour l’éradiquer, une com­bi­nai­son du dépistage organ­isé pour les femmes de 25 à 65 ans (recom­man­da­tion HAS 2019) et de la vac­ci­na­tion con­tre les HPV pour tous les jeunes est proposée.

Les objec­tifs du pro­gramme sont d’atteindre 80% de taux de cou­ver­ture de la pop­u­la­tion cible et de réduire l’incidence et le nom­bre de décès de 30% à 10 ans.

Le programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus

 

A qui le dépistage s’adresse t’il ?

  • à toutes les femmes de 25 à 65 ans, y com­pris ménopausée, à la sex­u­al­ité active ou non (en rai­son de la grande latence de l’infection), vac­cinées ou non con­tre l’HPV (car la vac­ci­na­tion ne pro­tège pas con­tre tous les HPV), les femmes homo­sex­uelles sont con­cernées égale­ment ain­si que les hommes trans­gen­res n’ayant pas eu d’hystérectomie.

Après 65 ans en revanche, le risque de dévelop­per une lésion est infime quand le test est négatif à cet âge.

Selon les don­nées de l’institut du Can­cer, 40 % des femmes ne réalisent pas ou pas assez régulière­ment un dépistage, notam­ment les femmes ménopausées après 50 ans.

 

En quoi con­siste à le dépistage ?

Cela con­siste à prélever avec un écou­vil­lon adap­té des cel­lules au niveau du col de l’utérus. Le prélève­ment néces­site la pose d’un specu­lum mais n’est pas douloureux. A par­tir de ce prélève­ment et en fonc­tion de votre âge, soit un exa­m­en cytologique est pra­tiqué soit une recherche du virus HPV par biolo­gie moléculaire.

 

Quelle est le type et la fréquence du test ?

— Le pre­mier frot­tis est réal­isé à l’âge de 25 ans
— Un deux­ième frot­tis est fait un an après
Si ce dernier frot­tis est nor­mal, alors un frot­tis cer­vi­co-utérin est pré­con­isé tous les 3 ans (exa­m­en cytologique ou test HPV selon votre âge).

— À par­tir de 30 ans, si le résul­tat du test HPV est négatif, cela sig­ni­fie qu’aucune infec­tion à HPV à haut risque n’a été détec­tée. Le test HPV est refait tous les 5 ans jusqu’à l’âge de 65 ans.

Même si l’on n’a plus de rap­port sex­uel et un HPV précédem­ment négatif, il est impor­tant de con­tin­uer le dépistage. En effet, le virus peut par­fois se ré-exprimer longtemps après la con­t­a­m­i­na­tion, en rai­son de la baisse d’immunité liée à l’âge.

 

Com­ment me faire dépister ?

  • Avec une invi­ta­tion du CRCDC ou d’AMELI, pren­dre un ren­dez vous chez un/une gyné­co­logue ou sage femme ou dans un lab­o­ra­toire de biolo­gie médi­cale qui pour­ra réalis­er le prélève­ment puis l’examen
  • Sans pre­scrip­tion dans cer­tains lab­o­ra­toires pro­posant le prélève­ment sur ren­dez-vous comme le lab­o­ra­toire BIOEXCEL (exa­m­en non pris en charge par l’As­sur­ance Maladie)
  • Avec ou sans pre­scrip­tion en autoprélèvement/autotest : ce mode de prélève­ment n’est actuelle­ment pas recom­mandé en 1ère inten­tion car il n’est pas pos­si­ble de réalis­er l’examen cytologique (dit « frot­tis réflexe ») indis­pens­able en cas de pos­i­tiv­ité du test HPV. Un prélève­ment du col utérin réal­isé par un pro­fes­sion­nel de san­té sera indis­pens­able (lire « Autotests HPV : une fausse bonne idée dans le dépistage du can­cer du col ?»)

 

Com­ment inter­préter mon compte ren­du d’examen HPV de laboratoire ?

Un test HPV posi­tif est fréquent et n’est en aucun cas syn­onyme de lésion ou de can­cer. L’in­ci­dence est d’en­v­i­ron 20% chez les femmes entre 15 et 25 ans.

Il existe près de 200 types de papil­lo­mavirus, et seuls cer­tains d’entre eux sont sus­cep­ti­bles de représen­ter un risque de sur­v­enue d’un can­cer. On dis­tingue les HPV à bas risque et les HPV à haut risque (tels que HPV 16 et 18) qui sont prin­ci­pale­ment impliqués dans la sur­v­enue d’une lésion maligne ; les HPV à bas risque le sont exceptionnellement.

Cepen­dant, même lorsqu’un HPV haut risque est posi­tif, la prob­a­bil­ité d’avoir une lésion pré-can­céreuse est faible (7% env­i­ron, d’après l’é­tude Wright TC, The ATHENA human papil­lo­mavirus study: Am J Obstet Gynecol. 2012)

La tech­nique de dépistage TMA en point final réal­isée dans notre lab­o­ra­toire sur Pan­ther Holog­ic con­siste à ampli­fi­er l’ARN mes­sager de 14 types de Papil­lo­mavirus à haut risque (16,18,31,33,35,39,45,51,52,56,58,59,66 et 68). En cas de pos­i­tiv­ité, un géno­ty­page des types à très haut risque 16, 18, 45 est effectué.

C’est bien la per­sis­tance dans le temps de l’HPV-HR (surtout 16 et 18) qui est le prin­ci­pal fac­teur de risque de sur­v­enue de can­cer infil­trant du col de l’utérus, d’autant plus s’il existe un con­texte d’immunodépression, un tabag­isme ou des fac­teurs géné­tiques de vulnérabilité.

En cas de détec­tion d’un HPV à haut risque, le prélève­ment fait sys­té­ma­tique­ment l’objet d’une analyse cytologique com­plé­men­taire (appelé “frot­tis réflexe”) au lab­o­ra­toire d’anato­mo-patholo­gie afin de déter­min­er si des lésions cel­lu­laires sont déjà apparues. Dans plus de 90% des cas, le frot­tis réal­isé en com­plé­ment est négatif (c’est à dire qu’il il n’y a pas d’anom­alies des cel­lules du col utérin), mais le suivi est cap­i­tal, un nou­veau test HPV devra être réal­isé un an après.

Il n’y a pas de traite­ment antivi­ral pour élim­in­er le virus du Papil­lo­mavirus (HPV). Il dis­paraît sou­vent spon­tané­ment, dans la moitié des cas et en moyenne en 14 mois. L’ar­rêt du tabac est conseillé.

Aucun exa­m­en ne per­met de dater l’ex­po­si­tion, même si un test antérieur s’é­tait révélé négatif (le virus peut se “réex­primer” de nom­breuses années après la pri­mo-con­t­a­m­i­na­tion, en rai­son d’une baisse immu­ni­taire, notam­ment liée à l’âge).

En cas de ques­tion, votre médecin référent ou le biol­o­giste médi­cal de votre lab­o­ra­toire est là pour vous con­seiller et vous orienter.

Pour en savoir plus sur la néces­sité d’ef­fectuer une col­po­scopie et les straté­gies de prise en charge

- chez les femmes de 25 à 29 ans

- chez les femmes de 30 à 65 ans

 

Faut-il prévenir le partenaire ?

Il n’y pas d’indication à une prise en charge du parte­naire mas­culin s’il ne présente aucun symp­tôme car il n’existe actuelle­ment aucune stratégie de préven­tion ou traite­ment. Le risque mas­culin est beau­coup plus faible que le risque féminin. Chez la femme, sont observées tous les ans env­i­ron 40 000 lésions liées aux HPV à haut risque de type pré­cancéreuses ou can­céreuses. Chez l’homme, ce nom­bre est de 1 900, essen­tielle­ment des can­cers de l’orophar­ynx, pour lesquels il n’ex­iste pas de pro­gramme de dépistage. Il faut aus­si savoir que la recherche a mon­tré que les souch­es virales sont rarement con­cor­dantes entre parte­naires (seule­ment 15% d’H­PV iden­tiques), prob­a­ble­ment fonc­tion des capac­ités immu­ni­taires de cha­cun. Le préser­vatif est dans ce con­texte inutile si le cou­ple est sta­ble, en sachant qu’il ne pro­tège qu’à 70 % des HPV.

Sources (con­férence de la Société française de col­po­scopie et de patholo­gie cer­vi­co-vagi­nale, dans le cadre de son 46è Con­grès nation­al (2023).

 

La vaccination des adolescentes et adolescents : la seconde arme pour l’éradication des cancers HPV induits

 

La vac­ci­na­tion con­tre les papil­lo­mavirus humains (HPV) est actuelle­ment recom­mandée chez les filles et les garçons entre 11 et 14 ans, gage d’une meilleure réponse vac­ci­nale quand elle est ini­tiée à un âge pré­coce. L’efficacité atten­due, avec le vac­cin non­ava­lent (Gar­dasil 9), est de 90% sur les géno­types respon­s­ables de can­cer et 80% sur les lésions pré­cancéreuses. Il peut être admin­istré en même temps que le rap­pel dTP — coqueluche ou hépatite B.

Argu­ments en faveur de la vac­ci­na­tion des adolescents :

  • Les can­cers induits par le HPV (80% des can­cers ano-géni­taux et ORL, dont 25% touchant des hommes) sont des can­cers “trans­mis­si­bles”: le vac­cin per­met d’at­ténuer voire de rompre la chaîne de contamination
  • La bonne cou­ver­ture vac­ci­nale en Angleterre, Aus­tra, Pays du Nord de plus de 85% a per­mis d’ob­serv­er une chute de l’in­ci­dence des can­cers du col de plus de 92%
  • Seuls les can­cers du col et à un moin­dre degré du vagin, sont acces­si­bles au dépistage de masse, les autres (anus, rec­tum, rec­tum, penis, oro-phar­ynx) ne peu­vent béné­fici­er QUE de la préven­tion pri­maire par la vac­ci­na­tion qui, avec 4 géno­types, cou­vrent la qua­si-total­ité des can­cers HPV- induits.

Sécu­rité du vaccin

À ce jour, dans le monde, 389 mil­lions de dos­es ont été dis­tribuées. En France, les résul­tats de l’étude menée par l’Agence nationale de sécu­rité du médica­ment et des pro­duits de san­té et l’Assurance mal­adie por­tant sur une cohorte de 2,2 mil­lions de jeunes filles mon­trent que la vac­ci­na­tion con­tre les infec­tions HPV :

– n’entraîne pas d’augmentation du risque glob­al de sur­v­enue de mal­adies auto-immunes ;

– pour­rait être asso­ciée à une aug­men­ta­tion du risque de syn­drome de Guil­lain-Bar­ré bien qu’extrêmement rare (de 1 à 2 cas pour 100 000 filles vac­cinées). D’autres études plus récentes au Roy­aume-Uni et au Québec n’ont cepen­dant pas retrou­vé cette asso­ci­a­tion (Andrews, 2017 et Dece­un­inck, 2018).

Plus plus d’informations :

https://www.mesvaccins.net/web/vaccines/523-gardasil‑9

https://www.vidal.fr/medicaments/utilisation/vaccins/vaccin-papillomavirus.html